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Article rédigé par Jade Martin-Krumm

Cotons-tiges, couverts, assiettes, gobelets, pailles et touillettes en plastique jetables… Vous pensiez leur avoir dit adieu ? Que nenni ! Si la crise sanitaire a dans un premier temps permis une amélioration globale de la qualité de l’air, le Covid-19 signe néanmoins le retour en force du plastique à usage unique. La pandémie semble en effet nous faire oublier la nécessité de réduire notre production de déchets et anéantir tous les efforts qui avaient été engagés dans ce sens. Depuis plus de deux mois, le recours au suremballage, aux masques, aux gants, lingettes et autres produits jetables menace d’étouffer la planète. L’inquiétude des associations environnementales est grandissante depuis la découverte de nombreux masques jetables sur les plages chinoises il y a quelques semaines. Aujourd’hui, gants, masques, tubes de gel hydroalcoolique et emballages divers ont également gagné les plages, les forêts et les rues françaises.

Une aubaine pour les industriels du secteur

Si les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration sont touchés de plein fouet par cette crise, d’autres s’en sortent beaucoup mieux. C’est le cas de l’industrie du plastique qui profite des craintes légitimes des consommateurs pour instaurer des croyances irrationnelles en matière d’hygiène.

Jusqu’à récemment, les efforts collectifs engagés laissaient présager la fin imminente du plastique à usage unique. L’interdiction des sacs plastiques tendait notamment à se répandre dans le monde. En France, une loi était entrée en vigueur pour lutter contre cette forme de pollution. Mais les fabricants de produits en plastique ne manquaient déjà pas d’imagination pour tenter de contourner la loi, allant par exemple, jusqu’à estampiller « réutilisables » des couverts en plastique jetables, sous prétexte qu’ils pouvaient résister à un certain nombre de passages au lave-vaisselle. Avec l’épidémie, la nouvelle excuse est toute trouvée. Le Covid-19 représente une aubaine pour les industriels du secteur qui s’affichent désormais comme des professionnels de l’hygiène, présentant leur produit comme un moyen efficace de préserver notre santé. 

Le plastique : un choix paradoxal

La priorité donnée à la santé et au respect des règles d’hygiène engendre une augmentation totalement irrationnelle de l’utilisation du plastique et ce, au détriment du bon sens. En effet rappelons-le, selon les scientifiques, le plastique est l’une des surfaces où la viabilité du virus est la plus longue (jusqu’à une semaine à température ambiante contre seulement quelques heures sur le papier et le carton). Alors pourquoi soudainement privilégier les emballages en films plastiques ? Il semblerait simplement que la voix des lobbys soit plus forte que celle des scientifiques aux oreilles des pouvoirs publics.

Dans l’urgence, le plastique à usage unique a représenté une solution simple et efficace en matière de protection pour les soignants et le personnel hospitalier, mais qu’en est-il de son utilisation ailleurs ? On observe surtout une forte augmentation dans la grande distribution avec des enseignes qui sont allées jusqu’à reconditionner fruits et légumes sous plastique. Dans des écoles aussi, la vaisselle jetable a fait son apparition dans les cantines. Une fois de plus, les experts sont pourtant formels : les emballages plastiques ne peuvent être efficaces en termes de protection sanitaire dans la mesure où ils sont eux-mêmes manipulés à plusieurs reprises et que le virus y reste infectieux plus longtemps.

Un effet collatéral dévastateur pour l’environnement

Certes, il est difficile de boycotter les équipements de protection nécessaires tels que les masques et les gants, mais il serait bon pour l’environnement que nous fassions tous preuve de bon sens au sujet de nos modes de consommation. Rappelons, par exemple, que les masques chirurgicaux à usage unique sont largement composés de polypropylène, un thermoplastique issu du pétrole qui met plus de 400 ans à disparaître. Alors, pourquoi ne pas privilégier des masques en tissus, plus durables ? Et dans la mesure où le plastique ne nous protège pas du virus, pourquoi ne pas cesser d’acheter les produits alimentaires suremballés ?

« La deuxième vague est faite de plastique. »

 Sea Shepherd, organisation internationale de protection des océans

Si le Coronavirus est souvent qualifié d’ennemi invisible, nous allons inévitablement devoir faire face à une seconde vague qui, elle, sera bien visible. La crise sanitaire aggrave une pollution plastique déjà omniprésente dans toutes les régions du globe puisque plus de 8 millions de tonnes de plastique finissent chaque année dans nos océans. Évidemment, les animaux marins et les oiseaux en sont les premières victimes. Les associations de protection de l’environnement nous alertent d’ailleurs depuis bien longtemps sur le fait que d’ici 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans. Mais n’oublions pas qu’en fin de compte, nous sommes également victimes de nos propres décisions. Une étude menée par le WWF révèle que chaque personne ingère 5 grammes (soit l’équivalent du poids d’une carte de crédit) de plastique par semaine via sa nourriture, l’eau et même l’air qu’il respire. 

Et si nous, consommateurs, agissions à notre échelle contre cette mascarade ? Refusons l’usage du plastique à usage unique, dénonçons le suremballage et autres pratiques irresponsables de certaines enseignes et encourageons ainsi les pouvoirs publics à plus d’éco-responsabilité.   

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